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Table-ronde « Parfum » : Savoir-faire d’exception

Publié le 5 janvier 2015

Invités: Marc
Chaya
(PDG de la Maison Francis Kurkdjian), Sylvie Jourdet (parfumeur, Pdte de la Société Française des Parfums et fondatrice de Créassence),
Margherita Ruffo (responsable Communication) et Etienne Darroman (responsable Formation) pour l’Edition de Parfums Frédéric Malle.


Avec ses 260 milliards d’euros de chiffre d’affaire mondial en 2011, le marché du parfum (dont cosmétiques) est l’un des plus convoités. En comparaison, le chiffre d’affaire de
la parfumerie dite « sélective» – à laquelle appartiennent nos intervenants – s’élevait 3,6 milliards d’euros en 2012.

Quelle place a le savoir-faire français dans cette production de plus en plus concurrentielle ?
Quelle latitude créatrice possède le nez? Comment exister aux côtés des monstres de l’Industrie? La terminologie de parfum de niche a-t-elle encore un sens ? Le parfum tient-il du métier d’art ou de l’art ?
L’anonymat des parfumeurs est-il un problème ? Quelles matières premières pour quelle qualité ? Le ‘sur-mesure’ constitue-t-il un axe d’avenir ? Autant de questions soulevées et éclaircies par nos interlocuteurs.

En
préambule, Sylvie Jourdet distingue l’odeur (naturelle) du parfum (qui a nécessité une transformation). En quelques mots, elle définit les spécificités du métier de parfumeur et de
l’industrie de la parfumerie.

« Aujourd’hui, une dizaine d’entreprises monopolisent les ¾ de la production mondiale. Les leaders ont pour noms Givaudan (CH), Firmenich (CH), IFF (US), Tagasako (JP), Symrise (D)… et avec pour seul français du top ten. »



« Les sociétés de création ne sont pas françaises, mais les ‘nez’ français sont extrêmement recherchés. 50% des créations annuelles ont été formulées par des nez français »

« A l’exception de quelques grandes maisons, telles Chanel ou Guerlain, les parfumeurs ne sont pas salariés par les marques. Ils appartiennent à des sociétés de composition
et travaillent à façon. »


L’offre en parfumerie devient « folle, exponentielle, incohérente » (cf.www.auparfum.com): il y a 20 ans, environ 132 nouveaux parfums voyaient le jour
chaque année. En 2013, nous en étions à 1432 créations annuelles! Marc Chaya considère qu’on ne peut décemment plus parler de parfum de niche. Cette explosion manifeste questionne la qualité et la survie de
certains créateurs. Quelles solutions pour quelles créations ? Nos invités défendent l’indispensable excellence de leurs matières premières (nul problème d’approvisionnement, même pour
de faibles quantités). Marc Chaya récuse une autre idée reçue « le parfum 100% naturel n’existe pas. L’apport synthétique est nécessaire ne serait-ce que pour valoriser les essences naturelles ». Nos invités invoquent aussi
le nécessaire temps du travail. Frédéric Malle suit chaque création menée librement par le parfumeur et sait attendre 6, 12, 18 mois s’il le faut. 21 parfums ont été édités par ses soins en 14 ans.



Francis Kurkdjian s’illustre dans des domaines habituellement réservés à l’art: performances menées à la Fondation Cartier, installations olfactives dans les fontaines et jardins du Château de Versailles. Il allie volontiers sa quête d’innovation à une cuisine d’exception (Christophe Michalak), pense aussi parfum et architecture. Il refuse d’être un ‘nez’, pas plus que le pianiste n’est un ‘doigt’, argue-t-il.
Réaliser un bon parfum exige du talent. Marc Chaya et Frédéric Malle plaident en faveur de la reconnaissance de ces talents, soit au travers d’une marque, soit en consacrant simultanément le parfum et son créateur. En
revendiquant son analogie avec le métier d’éditeur littéraire, Frédéric Malle mentionne la biographie et l’intention de son créateur (Dominique Ropion, Jean-Claude Ellena…) en 4ème de couverture sur l’emballage de ses parfums,
accroche leurs portraits dans chacun de ses lieux de vente. Une bonne nouvelle: la protection intellectuelle du parfum serait dans les tuyaux! (cf. JDN du 19/12/14).

Le sur mesure (résultant d’une commande) demeure une voie d’avenir. Il a un coût qui ne peut pas être bradé.

Stéphanie Le Follic-Hadida, enseignante « savoir-faire d’exception », EIML, Paris.


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